CLÉMENT DE
ROME
L'Épître
aux Corinthiens :
préambule
Bien que nombre de détails
restent obscurs, il est généralement admis
que Clément est l'auteur de la lettre
écrite vers 95 à l'Église de
Corinthe à l'occasion d'un schisme. C'est le plus
ancien témoignage d'une intervention autoritaire
de Rome dans les affaires d'une autre Église
apostolique. On y voit d'importantes exhortations qui
supposent la prééminence de Rome dans les
affaires ecclésiastiques dès la fin du
premier siècle. La lettre contient aussi des
informations utiles sur la mort de Pierre et de Paul
à Rome. Apparemment, les Corinthiens ne furent pas
surpris du ton de cette lettre et celle-ci était
encore l'objet de lectures au cours des
cérémonies en 170.
Le culte et la
postérité
La légende rapportée
par les Actes a fait que Clément est souvent
représenté avec une ancre comme
emblème et entouré de poissons.
Après l'Épître aux Corinthiens, il y
eut une seconde Épître, puis des
Homélies, des Reconnaissances, sorte de roman de
voyages et d'aventures mettant en scène saint
Pierre et Clément lui-même et enfin deux
Lettres aux vierges. Ainsi toute une littérature
dite « pseudoclémentine » lui fut
attribuée. Mais si la tradition donne à
celle-ci l'autorité du saint, ni le contenu ni le
style ni la date de composition des documents qui la
composent ne permettent d'affirmer son
authenticité.
AUX CORINTHIENS
Mes bien-aimés, comme les
dons de Dieu sont bénis et admirables! La vie dans
l'immortalité, la splendeur dans la justice, la
vérité dans la liberté de parole, la
foi dans la confiance, la maîtrise de soi dans la
sanctification et tout cela est mis à la
portée de notre intelligence ! Quels sont donc les
biens préparés pour ceux qui l'attendent?
Le créateur et le père des siècles,
le Très-Saint, en sait le nombre et la
beauté. Luttons donc afin d'être au nombre
de ceux qui attendent, afin de participer aux dons qu'il
a promis.
Mais comment cela se fera-t-il.
mes bien-aimés? Si notre pensée s'attache
à Dieu avec foi, Si nous recherchons cc qui lui
plaît et ce qu'il approuve, Si nous accomplissons
ce qui convient à sa volonté
irréprochable, et Si nous suivons le chemin de la
vérité en rejetant loin de nous toute
injustice et perversité. l'amour des richesses,
les disputes, les méchancetés et les
fourberies. les murmures et les médisances. la
haine de Dieu, l'orgueil et la jactance. la vanité
et la dureté pour l'étranger.
Voilà quel est le chemin,
mes bien-aimés, par lequel nous avons
trouvé le salut: Jésus Christ, le grand
prêtre qui présente nos offrandes, le
protecteur et le soutien de notre faiblesse. Par lui,
nous fixons nos regards sur les hauteurs des cieux; par
lui, nous contemplons comme dans un miroir le visage pur
et sublime du Père ; par lui se sont ouverts les
yeux de notre coeur; par lui, notre intelligence
bornée et ténébreuse
s'épanouit à la lumière; par lui, le
Maître a voulu nous faire goûter la connais
ance immortelle, lui qui est la lumière
éclatante de la gloire du Père,
placé bien au-dessus des anges, car il
possède par héritage un nom bien plus grand
que les leurs.
Servons en soldats, mes
frères, de toute notre ardeur, sous les
commandements de ce chef irréprochable. Dans
l'armée, les grands ne peuvent rien faire sans les
petits, ni les petits sans les grands: en toutes choses
ils sont mélangés, et c'est ainsi qu'ils
sont efficaces. Prenons l'exemple de notre corps: la
tête n'est rien sans les pieds, et de même
les pieds ne sont rien sans la tête. Les moindres
de nos membres sont nécessaires et bienfaisants
pour le corps entier; et même, tous servent le
salut du corps entier en collaborant dans une soumission
qui les unifie. Assurons donc le salut du corps entier
que nous formons dans le Christ Jésus, et que
chacun se soumette à son prochain, selon le
charisme que celui-ci a reçu. Que le fort se
préoccupe du faible, que le faible respecte le
fort.
Que le riche subventionne le
pauvre, que le pauvre rende grâce à Dieu qui
lui a donné quelqu'un pour compenser son
indigence. Que le sage montre sa sagesse non par des
paroles, mais par de bonnes actions; que l'humble ne se
rende pas témoignage à lui-même, mais
qu'il en laisse le soin à un autre. Puisque nous
tenons de Dieu tout cela, nous devons lui rendre
grâce pour tout. A lui la gloire pour les
siècles des siècles. Amen.
LETTRE DU PAPE S. CLÉMENT
AUX CORINTHIENS
Ce passage est le
témoignage le plus ancien que nous ayons du martyr
de Pierre, dans la communauté romaine.
Laissons les exemples de
l'antiquité pour en venir aux athlètes les
plus proches de nous. Prenons de nobles exemples dans
notre génération. C'est par jalousie et par
envie que les colonnes de l'Église les plus hautes
et les plus justes ont été
persécutées et ont lutté
jusqu'à la mort. Regardons les saints
Apôtres. Pierre. à cause d'une jalousie
injuste a subi de nombreuses souffrances, et non pas une
ou deux; après avoir ainsi rendu son
témoignage. il s'en est allé au
séjour de gloire qu'il avait mérité.
Par suite de la jalousie et de la discorde, Paul a
montré quel prix est réservé
à la constance.
Chargé sept fois de
chaînes, expulsé, lapidé, devenu
prédicateur de l'Évangile en Orient et en
Occident, il a reçu la renommée qui
correspondait à sa foi. Après avoir
enseigné la justice au monde entier jusqu'aux
limites de l'Occident, il a rendu son témoignage
devant les autorités; c'est ainsi qu'il a
quitté ce monde pour s'en aller au séjour
de la sainteté, et devenir un illustre
modèle de constance. A ces hommes qui ont
mené une vie sainte est venue se joindre une
grande foule d'élus qui. par suite de la jalousie,
ont subi toutes sortes de mauvais traitements et de
supplices, et qui ont donné parmi nous un
magnifique exemple.
Par suite de la jalousie, des
femmes ont été persécutées:
déguisées en victimes mythologiques, elles
ont subi des outrages atroces et sacrilèges; puis
elles ont remporté victorieusement la course de la
foi, et elles ont reçu une glorieuse
récompense, elles dont le corps était Si
faible. C'est la jalousie qui a rendu des épouses
étrangères à leurs maris et qui a
fait mentir la parole de notre père Adam :Voici
l'os de mes os et la chair de ma chair. Jalousie et
discorde ont abattu de grandes cités et
déraciné de puissantes nations. Nous vous
écrivons ainsi, mes bien-aimés, non pas
seulement pour votre avertissement, niais pour notre
propre mise en garde. Car nous sommes dans la même
arène, et le même combat nous
attend.
Laissons donc les
préoccupations vaines et inutiles pour nous
conformer à la règle glorieuse et
vénérable de notre tradition. Voyons ce qui
est beau, ce qui est agréable, ce qui est digne
d'approbation aux yeux de celui qui nous a faits. Fixons
nos regards sur le sang du Christ et comprenons combien
il a de valeur pour son Père, puisque,
répandu pour notre salut, il a offert au monde
entier la grâce de la conversion.
Dieu éternel et
tout-puissant, toi que nous admirons dans la force de tes
martyrs, donne-nous de fêter dans la joie
l'anniversaire de saint Clément: à la fois
prêtre de ton Fils et victime, il a signé de
son témoignage ce qu'il célébrait,
il a confirmé par son exemple ce qu'il
prêchait.
AUX CORINTHIENS
L'Église de Dieu qui
séjourne à Rome à l'Église de
Dieu qui séjourne à Corinthe, à ceux
qui ont été appelés et
sanctifiés dans la volonté de Dieu, par
Notre Seigneur Jésus-Christ 2. Que la grâce
et la paix vous soient données du Dieu
tout-puissant par le Christ Jésus en abondance
!
1
1. Ce sont les malheurs et les
épreuves dont nous avons été
frappés soudainement et coup sur coup qui nous ont
retenus trop longtemps, à notre gré, de
nous tourner vers vous, bien-aimés, et de nous
occuper des affaires en litige parmi vous, de cette
sédition qui n'a ni droit ni place parmi des
élus de Dieu, oeuvre de souillure et
d'impiété, qu'une poignée
d'individus a commencée ; et le feu qu'ils ont
allumé, ils l'ont porté à un tel
degré de démence, que votre nom
révéré,
célébré, justement aimé de
tous, s'en trouve grandement
décrié.
2. Qui donc n'est revenu de chez
vous convaincu de la qualité et de la
solidité de votre foi, plein d'admiration pour la
sagesse et la mesure de votre piété dans le
Christ, proclamant partout la
générosité de votre accueil,
élevant aux nues la perfection et la
sûreté de votre connaissance !
3. Vous agissiez en tout sans
acception de personnes, vous marchiez dans les
commandements de Dieu, vous obéissiez à vos
chefs, vous rendiez à vos anciens l'honneur qui
leur est dû. Aux jeunes gens vous demandiez une
attitude posée et digne ; aux femmes vous
recommandiez d'accomplir tous leurs devoirs avec une
conscience irréprochable, sainte et pure, aimant
leurs maris comme il convient ; vous leur enseigniez
à gouverner saintement leur maison, sans se
soustraire à la règle de
l'obéissance en toute
discrétion.
corinthiens02.html