Actes de
Pilate
16.
1. En écoutant le
récit de Joseph, les chefs de la synagogue, les
prêtres et les lévites défaillirent
et restèrent prostrés à terre. Ils
ne touchèrent plus à la nourriture
jusqu'à la neuvième heure. C'est alors que
Nicodème qui était aux côtés
de Joseph, interpella Anne et Caïphe, les
prêtres et les lévites : « Debout !
Remettez-vous sur vos pieds, et prenez courage : demain
est le sabbat du Seigneur. » Ils se
relevèrent et après avoir invoqué
Dieu, ils mangèrent et burent, puis chacun s'en
retourna chez soi.
2. Le jour du sabbat, nos docteurs
siégèrent, ainsi que prêtres et
lévites. Ils discutaient entre eux, disant :
« Quelle est cette colère qui s'est abattue
sur nous ? Nous Connaissons pourtant son père et
sa mère. »
Lévi un docteur,
déclara : « J'ai connu ses parents : ils
craignaient Dieu et ne négligeaient pas la
prière. Trois fois l'an, ils versaient la
dîme. Lorsque Jésus naquit, ils
l'emmenèrent en ce lieu-ci et offrirent à
Dieu sacrifices et holocaustes. Et le grand docteur
Syméon le prit dans ses bras et dit : «
Maintenant tu peux laisser aller en paix ton serviteur,
ô Maître, comme tu l'as promis. Car mes yeux
ont vu ton salut, préparé à la face
de tous les peuples, lumière pour éclairer
les nations et gloire de ton peuple Israël.
»
Puis Syméon les bénit
et dit à Marie sa mère : « J'ai
à t'annoncer une grande nouvelle au sujet de cet
enfant. » Marie demanda : « Est-ce une bonne
nouvelle, mon Seigneur ? » Syméon lui
répondit : « C'est une bonne nouvelle. Voici,
cet enfant est là pour la chute et le
relèvement de beaucoup en Israël, et pour
être un signe en butte à la contradiction.
Et toi-même, une épée te transpercera
l'âme, afin que de bien des coeurs soient
révélées les pensées !
»
3. Ils dirent à Lévi,
le docteur : « Comment sais-tu cela ? »
Lévi répondit : « Ignorez-vous que
c'est auprès de Syméon que j'ai
étudié la Loi ? » Le Conseil lui dit :
« Nous voulons voir ton père. » Et ils
l'envoyèrent chercher. Puis ils
l'interrogèrent, et celui-ci leur dit : «
Pourquoi n'avez-vous pas cru mon fils ? Le bienheureux et
juste Syméon lui a bien enseigné la Loi.
» Le Conseil demanda : « Rabbi Lévi,
c'est donc la vérité que tu as dite ?
» Il répondit : « C'est la
vérité. »
Les chefs de la synagogue, les
prêtres et lévites dirent entre eux : «
Eh bien, envoyons chercher en Galilée les trois
hommes qui étaient venus nous informer de son
enseignement et de son assomption. Il faut qu'ils nous
expliquent ce qu'ils ont vu de cet enlèvement.
»
Cette suggestion convint à
tous. Ils reprirent les trois hommes qui les avaient
déjà escortés en Galilée et
leur donnèrent ces instructions : « Dites au
rabbi Adas, au rabbi Phinéès et au rabbi
Aggée : Paix à vous et à tous ceux
qui vivent avec vous ! De graves débats se sont
élevés dans notre Conseil. Aussi avons-nous
chargé ces messagers de vous faire venir dans la
sainte ville de Jérusalem. »
4. Les messagers partirent en
Galilée, et ils trouvèrent leurs hommes
assis, étudiant la Loi. Ils leur donnèrent
le baiser de paix. Les Galiléens dirent aux
voyageurs : « Paix à tout Israël! »
Les autres répondirent : « Paix à vous
! » Les premiers reprirent : « Quel est l'objet
de votre visite ? » Et les envoyés
répondirent : « Le Conseil vous mande dans la
sainte ville de Jérusalem. »
5. Quand ils surent qu'ils
étaient appelés au Conseil, les hommes
invoquèrent Dieu, puis ils s'attablèrent
avec leurs hôtes, mangèrent et burent et
enfin se levèrent et se rendirent sans incident
à Jérusalem. Le lendemain, le Conseil,
réuni dans la synagogue, leur demanda : «
Avez-vous réellement vu Jésus assis sur la
montagne de Milkom, enseignant ses onze disciples, puis
l'avez-vous vu enlevé au ciel ? » Ses
interlocuteurs leur firent cette réponse : «
Ce que nous avons vu de cet enlèvement, nous
l'avons dit. »
6. Anne s'entêta : «
Prenez-les un à un, dit-il, et voyons si leurs
témoignages concordent. » Ils les
séparèrent. Adas fut appelé le
premier : « Rabbi, dirent-ils, qu'as-tu vu de cet
enlèvement ? » Adas répondit : «
Il était encore assis sur le mont Milkom et il
enseignait ses disciples, quand nous vîmes une
nuée le couvrir de son ombre, lui et ses
disciples, et la nuée l'emporta dans le ciel,
tandis que ses disciples gisaient, front contre terre.
»
Ils appelèrent
Phinéès le prêtre et
l'interrogèrent : « Qu'as-tu vu de
l'enlèvement de Jésus ? » La
réponse fut la même. Ils
interrogèrent aussi Aggée, qui leur fit une
semblable déposition. Alors le Conseil
déclara : « Il est dit dans la Loi de
Moïse : C'est au dire de deux ou trois
témoins que la cause sera établie »
Buthem le docteur dit : « Il est écrit dans
la Loi : Enoch marchait avec Dieu, puis il disparut, car
Dieu l'emporta. » Jaïre le docteur dit : «
Nous avons entendu parler de la mort du saint Moïse,
mais nous ne l'avons pas vu ; car il est écrit
dans la loi du Seigneur : Et Moïse mourut sur ordre
du Seigneur, et nul, à ce jour, ne connaît
son tombeau
» Et le rabbi Lévi dit
: « Pourquoi le rabbi Syméon a-t-il dit quand
il vit Jésus : Voici, il est là, pour la
chute et le relèvement du grand nombre en
Israël, et pour être un signe en butte
à la contradiction ? » Et le rabbi Isaac dit
: « Il est écrit dans la Loi : voici que
j'envoie mon messager devant ta face ; il marchera devant
toi pour te garder jusqu'au bout dans ce bon chemin. Car
en lui mon nom est invoqué. » 7.
Alors Anne et Caïphe dirent :
« Vous avez fort justement çité la Loi
de Moïse où il est dit que nul n'a vu la mort
d'Enoch et nul n'a raconté celle de Moïse.
Mais Jésus, lui, a parlé à Pilate.
Nous l'avons vu essuyer en plein visage gifles et
crachats. Et les soldats le couronnèrent
d'épines. Il fut flagellé et il
reçut la sentence de Pilate, et il fut
crucifié au lieu du Crâne ainsi que deux
larrons, et on lui fit boire du vin aigre
mêlé de fiel, et le soldat Longin lui
transperça le flanc de sa lance, et Joseph notre
père vénéré demanda son
corps, et il ressuscita, comme il l'avait dit, et comme
viennent de le rappeler ces trois docteurs, disant : "
Nous l'avons vu emporté vers le ciel", et le rabbi
Lévi a confirmé les propos tenus par le
rabbi Syméon, "Voici, a-t-il dit, celui-ci est
là, pour la chute et le relèvement d'un
grand nombre en Israël, et il sera un signe en butte
à la contradiction".. »
Tous les docteurs dirent à
tout le peuple du Seigneur : « Si par le Seigneur
cette chose étonnante s'est produite sous nos
yeux, sachez-le bien, maison de Jacob, qu'il est
écrit : Tout pendu au bois est malédiction
!. Un autre texte enseigne : « Les dieux qui n'ont
pas fait le ciel et la terre périront. »
Prêtres et lévites se dirent entre eux :
« Si sa mémoire dure jusqu'à Sommos
dit aussi Jobel, sachez que son règne est
éternel et qu'il se lèvera un peuple
nouveau. »
Alors les chefs de la synagogue,
les prêtres et les lévites
exhortèrent tout Israël, disant : «
Maudit l'homme qui adorera des oeuvres faites de main
d'homme et maudit l'homme qui adorera la créature
au lieu du Créateur ! » Et tout le peuple
répondit : « Amen ! Amen ! » 8. La foule
chanta des hymnes au Seigneur et elle dit : «
Béni soit le Seigneur qui accorda le repos au
peuple d'Israël comme il l'avait promis.
Il ne s'est pas perdu une seule
parole de toutes celles qu'il avait dites à
Moïse son serviteur. Que le Seigneur notre Dieu soit
avec nous, comme il l'était avec nos pères.
Qu'il ne nous entraîne pas à notre perte,
afin que nous puissions convertir à lui notre
coeur, et marcher dans toutes ses voies, garder ses
commandements et les jugements qu'il a
légués à nos pères. Et le
Seigneur règnera sur toute la terre en ces
jours-là. Et il sera le seul Seigneur, et le seul
nom, le Seigneur notre roi !
« Lui-même nous sauvera.
Il n'est personne qui te ressemble, Seigneur, tu es
grand, Seigneur et grand est ton nom ! Dans ta puissance,
guéris-nous, Seigneur, et nous serons les
guéris ! Sauve-nous, Seigneur, et nous serons les
sauvés ! Car nous sommes ta part et ton
héritage. Et le Seigneur n'abandonnera pas son
peuple, à cause de son nom magnifique. Car le
Seigneur a commencé de faire de nous son peuple.
» Quand ils eurent ainsi chanté, chacun
rentra chez soi, louant Dieu, dont la gloire est aux
siècles des siècles, amen !