L'ÉVANGILE
ALEXANDRIN
Les Actes des Apôtres
chrétiens parlent d'un Jean (Iochannân) dont
la mère s'appelait Marie,chez qui se
réfugia l'apôtre Pierre après son
arrestation à Jérusalem et son
évasion. (XII, 12-17), et qui aurait
été un cousin de Barnabé. (Act. XV -
35; Col. IV 10). Après la crucifixion en 47 de ce
Pierre (lequel ne saurait être autre que le Simon
Bariôna) des évangiles) avec Jacques son
frère, tous deux fils de Juda de Gamala (1), ce
Jean, fils d'une Marie, devint le secrétaire et
l'interprête d'un deuxième Pierre, qui
portait aussi les noms de Syméon en grec
hellénisation de l'hébreu Shiméon),
de Kîpha en araméen.
Et Jean et kîpha se
rendirent tous deux, peu après à Rome.
où Shiméon Kîpha entreprit de
catéchiser les juifs de cette ville en les
exhortant à suivre les enseignements de
Jésus le Nazarénien, qui avait
été leur Maître en Galilée.
Mais ce Kîpha était un homme fruste et peu
instruit, qui avait probablement, avant de suivre
Jésus, été un modeste pêcheur;
tandis que Jean, qui prit à Rome le surnom de
Marcus (que l'on traduit "Marc" en français),
paraît avoir été assez
cultivé. Pierre prêchait en araméen,
la seule langue probablement qu'il sût parler, puis
Marc traduisait en grec et en latin, car il paraît
bien avoir été capable de pratiquer
notamment ce deux langues outre l'araméen et
l'hébreu.
Lorsque l'apôtre Paul arriva
à Rome à son tour, sous la garde d'un
soldat Romain, pour y comparaître comme il l'avait
demandé lui-même, devant le tribunal de
Néron César, Pierre et Marc doivent
être allés le voir dans sa maison, où
il était, en résidence
surveillée.
Cependant, en 62, Jacques le
Juste, frère de Jésus, fut lapidé
à Jérusalem sur l'ordre du Sahédrin,
présidé alors par le grand-prêtre
sadducéen Anne (2). Selon Hégésippe,
un des pères de l'Église, les membres de la
communauté de Jérusalem convoquèrent
alors les survivants des "apôtres" et les proches
parents de Jésus le Nazarénien afin
d'élire un successeur à Jacques.
Cette assemblée
émigra à Pella en 67 afin que ses membres
ne soient exposés que le moins possible aux
désagréments de la guerre qui venait
d'éclater en Palestine en 66 et, dit
Hégésippe, c'est Syméon qui fut
élu à la tête de la secte., laquelle
prendra dans la suite le nom d'ébionite" (de
l'hébreu ébiônîm, les
pauvres).
Après le départ de
Rome de Shiméon Kîpha, les disciples qu'il
s'y était faits demandèrent à Jean,
dit Marc, resté sur place, de rédiger
à leur intention un résumé de ce
qu'avait été sa prédication. Marc
leur donna satisfaction. Il rédigea donc,
probablement en latin, les notes qu'il avait prises
lorsqu'il traduisait ce que Pierre
prêchait.(4).
C'est à cet écrit
que fait allusion Jean le Doyen,d'Ephèse, dans un
passage fameux, souvent reproduit, notamment pour la
première fois connu par Papias, la citation de ce
dernier ayant été rapportée par
Eusèbe de Césarée : Marc
était l'interprête de Pierre, a transmis
avec exactitude, bien que non dans l'ordre, tout ce dont
il se souvenait des paroles et des actions du Seigneur.
Car il n'avait pas entendu lui-même le Seigneur ,
ni ne l'avait accompagné, mais plus tard, comme je
l'ai dit, il suivit Pierre. Ce dernier donnait son
enseignement selon les besoins, sans aucunement se
préoccuper de lier entre elles les sentences du
Seigneur. Marc n'a donc pas fait d'erreur dans la
relation de ses souvenirs